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Art de vivre, Minimalisme, Minimalisme au quotidien / Wednesday, May 3rd, 2017
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J’ai eu la chance de rencontrer et d’interviewer la papesse du zéro déchet.. Celle qui a réussi à mettre tous les déchets 2017 de sa famille dans un pot qui tient dans la main. 🙂

 

INTERVIEW DE BÉA JOHNSON, UNE VIE ZÉRO DÉCHET

 

 

BÉA JOHNSON (BJ) : Lorsque j’ai dit à mon mari que je voulais écrire un blogue, il m’a dit : « non, non. Laisse tomber. Tu vas te faire mais casser par tout un tas de personnes. Tu vas te faire critiquer, tu vas t’en prendre plein la figure » et je n’étais pas d’accord avec lui. Je lui ai dit : « je suis désolée, mais moi j’estime que c’est important de partager ce qu’on fait pour que ceux qui veulent réduire leurs déchets, ils aient nos solutions ». Je n’aurais jamais, jamais, jamais pu imaginer que ça devienne un mouvement global.

 

C’est un énorme honneur de voir combien de personnes en fait ont adopté nos solutions et puis se sont lancées, et ce qui est fabuleux, ce n’est pas juste ceux qui se sont lancés vers un mode de vie Zéro déchet, mais c’est ceux aussi qui ont décidé d’ouvrir des magasins de vrac pour à ce moment-là permettre aux autres d’acheter leur nourriture en vrac.

 

Il y a Jean [Moutais] qui lui a ouvert tout un système. Il a toute une gamme de produits dans des contenants qui sont conciliés. Il y en a qui ont monté des organisations comme Zero Waste Switzerland. Il y a une chaîne de vrac au Canada qui avant n’utilisait pas ou n’acceptait pas les contenants réutilisables. Puis une fois, j’ai mis une photo sur Instagram en montrant que je réutilisais mes contenants au Canada puis ça, ça les a encouragés à changer leur politique — police, comme on dit — leurs règles. Donc aujourd’hui, ils acceptent les contenants réutilisables dans leurs 270 magasins à travers le Canada. Et c’est toutes ces initiatives en fait qui nous permettent de créer un futur Zéro déchet.

 

QUESTION (Q) : Est-ce que vous avez l’impression que votre message est reçu différemment aux États-Unis et en France?

 

BJ : Oui. Alors en France et je dirais même dans les pays francophones, c’est là où le Zéro déchet pousse plus rapidement qu’ailleurs. Je crois que c’est parce que dans les pays francophones il y a une appréciation pour les plaisirs simples et une connexion avec la nourriture qu’il n’y a pas nécessairement dans les pays anglophones.

 

Aux États-Unis aussi, je crois que le public a peur du qu’en-dira-t-on s’ils n’ont pas les derniers gadgets, etc. Ils ont peur de la vie simple et c’est aussi la peur d’acheter d’occasion comme on le fait et comme je le prône. Donc c’est là où il y a des différences et les magasins de vrac explorent en France plus que partout ailleurs dans le monde.

 

À Montréal, j’ai appris qu’il y avait 8 magasins de vrac qui avaient été inspirés du livre de conférences que j’ai données. En Suisse, il y en a une qui a ouvert un magasin. Il y a Chez Mamie qui a été ouvert. C’est une Française qui après avoir lu le livre a décidé d’ouvrir un magasin de vrac et maintenant, c’est une franchise.

 

Donc c’est comme ça en fait que tout se développe, mais c’est surtout dans les pays francophones en fait que ça développe.

 

Q : Il y a moins d’impact aux États-Unis alors?

 

BJ : Non, beaucoup moins. Beaucoup moins. On n’a pas encore un seul magasin de vrac comme vous avez ici. On a du vrac qui est disponible dans des magasins de bio comme vous avez ici à Biocoop, Satoriz, etc. Mais aux États-Unis, on n’a pas encore un seul magasin qui ne vende que du vrac sur tout le territoire. Donc en fait, vous avez accès à beaucoup plus de vrac que ce qui m’est disponible à moi.

 

Je crois que beaucoup s’imaginent que si je fais le Zéro déchet, c’est parce que ça doit être facile pour nous, qu’on doit avoir accès à tout un tas de vrac. Ce n’est pas le cas. On a tout simplement appris à faire avec ce qui nous est disponible dans ce rayon de vrac dans le magasin de bio et à profiter des avantages qui nous sont disponibles.

 

Q : Il y a beaucoup de personnes qui disent : « le Zéro déchet, quand on a des enfants, c’est compliqué ». Qu’est-ce que vous répondez à ces gens?

 

BJ : J’ai deux enfants et justement je me suis lancée il y a 10 ans quand ils avaient 5 et 6 ans. Aujourd’hui, ils ont vécu plus longtemps sans déchets qu’avec. Pour eux, c’est complètement normal, c’est complètement automatique.

 

Tout un tas de personnes en fait se donne des prétextes pourquoi ne pas se lancer. Il y en a qui disent : « si elle fait le Zéro déchet, c’est parce qu’elle habite aux États-Unis ». En fait, j’habite dans le comté qui génère le plus de déchets aux États-Unis par tête. J’habite probablement dans la partie du monde qui génère le plus de déchets.

 

Les Américains disent : « non, non. Si elle peut faire Zéro déchet, c’est parce qu’elle habite en Californie ». Les Californiens disent : « non, si elle peut faire Zéro déchet, c’est parce qu’elle habite à San Francisco ». Je n’habite pas à San Francisco. J’habite au nord de San Francisco. Et donc les San Franciscains disent : « si elle peut faire Zéro déchet, c’est parce qu’elle est Française ». Donc tout le monde en fait a des prétextes pourquoi est-ce que moi je peux le faire et eux non.

 

C’est sûr que le mode de vie Zéro déchet, quand les gens voient ce terme, ils se disent : « ah non, c’est trop extrême. Ça doit être hyper compliqué, ça doit prendre énormément de temps et d’argent », mais c’est parce que tout simplement ils ne savent pas comment adopter un mode de vie Zéro déchet. Ils sont, disons, rattachés à des a priori.

 

Aujourd’hui, j’ai un travail à temps plein avec un planning de dingue, mais justement, le Zéro déchet au fait ne me prend pas plus de temps. Il économise du temps. Ce qui va prendre du temps, c’est de changer ses habitudes, d’apprendre à dire non parce que c’est la première règle. C’est de refuser ce dont on n’a pas besoin. Quand on a fait les choses d’une certaine façon toute sa vie, on pense que ce que l’on fait, c’est ce qui va nous économiser le plus de temps, le plus d’argent.

 

Mais en fait, il faut apprendre de nouvelles habitudes, il faut apprendre à dire non, il faut se désencombrer et trouver un système qui marche pour soi pour trouver sa nourriture en vrac et c’est ça qui va prendre du temps. Mais une fois que vous avez ce système en place, mais vous vous tapez la tête contre les murs de ne pas l’avoir fait auparavant parce que vous vous rendez compte que la vie d’auparavant, c’est ce qui vous prenait trop de temps, c’est ce qui coûtait trop d’argent. En fait, c’était littéralement gaspiller son argent et son temps, et vous regrettez tout simplement de ne pas avoir adopté le Zéro déchet auparavant.

 

Q : OK. Et qu’est-ce qui est votre motivation profonde en lançant ce mouvement-là?

 

BJ : Moi, tout simplement, ce qui m’a donné envie de me lancer, c’est de vouloir un meilleur futur pour mes enfants. Tout simplement. J’ai regardé des documentaires et lu des livres sur les problèmes de l’environnement. Là, j’ai enlevé les œillères et je me suis rendue compte que j’avais en tant que consommatrice énormément de pouvoir, que mes achats avaient un pouvoir et qu’il me revenait de changer les choses à la maison. C’est ce que Gandhi a dit : « être le changement que vous voulez voir dans le monde » et c’est vraiment ce qu’il a dit qui a en fait dirigé ma vision des choses. Le changement commence à la maison.

 

Les fabricants ne fabriquent que ce que le consommateur achète. Acheter, c’est voter. Si vous achetez des emballages, c’est une façon pour vous de dire : « j’adore les emballages et je souhaite voir plus d’emballages dans notre monde ». Et plus de pétrole sera puisé du sol pour créer des remplacements. Alors que lorsque vous achetez votre nourriture en vrac, c’est une façon pour vous d’investir de votre argent dans un futur de vrac, un futur sans emballage pour les générations futures. C’est vraiment le pouvoir de l’achat qui nous permet de créer un monde différent pour nos enfants.

 

Q : Donc vous [soutenez le mouvement] politique aussi?

 

BJ : Non. Je n’aime pas qu’on dise ça. Le terme politique me dérange parce que j’ai remarqué que c’est souvent une des questions qu’on me pose en France parce qu’il y a bien sûr le Parti écolo. Alors on s’imagine que pour adopter un mode de vie Zéro déchet, il faut voter pour un parti spécifique. Non, je suis là pour dire que le Zéro déchet, il appartient à tout le monde, bien sûr, de l’adopter puisqu’on est tous citoyens de cette terre. La terre appartient à tout le monde et donc le Zéro déchet n’appartient pas juste à ceux qui vont voter écolo. Le Zéro déchet est bien sûr ouvert à tout le monde.

 

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